La dernière victoire de Ferrari au classement général, dans ce qui était alors la catégorie « Prototypes », remonte à 1965. La Scuderia avait ensuite succombé aux assauts de Ford, un épisode immortalisé par Hollywood dans le film « Le Mans 66 » sorti en 2019. Après un nouvel échec contre Matra en 1973, la marque italienne avait décidé de se consacrer uniquement à la Formule 1, à l’insistance notamment de Niki Lauda, sa nouvelle recrue de l’époque.

L’apparition de la nouvelle catégorie « Hypercars » en 2021 a ramené vers le championnat du monde d’endurance (WEC), dont les 24 heures du Mans sont l’une des manches, certains des plus grands noms de l’automobile tels que Porsche, Peugeot, Cadillac et donc Ferrari. 

Autant dire que Toyota va affronter cette année une forte concurrence après avoir remporté les cinq dernières éditions. Deux Ferrari 499P engagées par l’usine vont défendre les couleurs de la firme de Maranello au Mans, 4e manche du championnat où Ferrari occupe actuellement la 2e place du classement derrière Toyota.

Le choix d’Enzo Ferrari

Une victoire pour le centenaire de la mythique course mancelle serait la meilleure façon pour Ferrari d’y célébrer son retour, son premier triomphe remontant à 1949, suivi de huit autres. « En 1973, Enzo Ferrari était confronté au choix de faire ou de la Formule 1, ou de l’endurance car économiquement, il estimait qu’il ne pouvait plus faire les deux choses de front ». se rappelle Jacky Ickx qui faisait partie d’un des trois équipages rouges cette année-là. Le pilote belge, a remporté au total six fois les 24 Heures entre 1969 et 1982 pour Ford, Mirage et Porsche mais jamais pour Ferrari. 

Aujourd’hui beaucoup plus à l’aise financièrement, Ferrari peut se permettre de revenir en endurance tout en courant en Formule 1. Engager des voitures sur un programme d’endurance nécessite de conséquents moyens, notamment pour que la fiabilité soit au rendez-vous. A l’époque, cet élément clé avait grandement péché  : « depuis tard dans la nuit, je savais qu’on n’arriverait pas au bout, car il y avait une vibration sur une pièce dans l’embrayage qui s’était déjà déglinguée en F1 et elle a cassé comme je l’avais dit », se souvient Ickx qui avait dû abandonner à 90 minutes de l’arrivée en 1973, alors associé à l’Anglais Brian Redman.

Le Belge pilotait en parallèle en Formule 1 pour la Scuderia et les moteurs utilisés dans les deux disciplines étaient peu ou prou les mêmes mais « dégonflés » pour les courses de longue durée. « Aujourd’hui, Le Mans est un Grand Prix de 24 heures et c’est la raison pour laquelle il y a trois pilotes », au lieu de deux par voiture il y a 50 ans où l’essentiel était de ménager la voiture pour espérer atteindre l’arrivée.

Cette année, ni Charles Leclerc, ni Carlos Sainz Jr. ne seront de la partie au Mans les 10 et 11 juin. Loin des « mercenaires » qui courraient tous les weekends dans des disciplines différentes, résumait Jacky Ickx. En revanche, Antonio Giovinazzi, pilote de réserve de la Scuderia F1 Team, sera au volant d’une des 499P. Antonio Fuoco, Miguel Molina, Nicklas Nielsen, Alessandro Pier Guidi et James Calado, tous spécialistes de l’endurance, viendront l’épauler.