C’était en février dernier. Le parlement européen approuvait le projet de réglementation mettant fin à la vente de véhicules neufs à moteur thermique à compter de 2035. Le vote semblait clair, par 340 voix pour, 279 voix contre et 21 abstentions.

Ce texte, longtemps annoncé, prévoyait de réduire les émissions de CO2, ou plutôt de les supprimer en arrivant à zéro. Cela concerne les voitures et camionnettes neuves vendues sur le sol européen, à compter de 2035. Conséquence : fini les “essence“, diesel et même hybrides en Europe. Les choses étaient alors limpides : nous allions assister à l’avènement du 100% électrique.

Négociation européenne

Pourtant, au lendemain de cette annonce, certaines voix s’élevaient contre cette interdiction, à commencer par l’Italie, alors que le texte devait encore être approuvé par le Conseil Européen pour être définitivement adopté et validé.

C’était sans compter sur l’Allemagne qui refusait dans un premier temps de voter le texte. Le FDP (parti libéral-démocrate allemand), à l’origine du véto allemand exigeait alors que le e-fuel soit autorisé en 2035. Avec une rapidité rare, l’Union Européenne s’empresse alors de valider le principe.

Un carburant neutre en carbone ?

L’UE autorise donc les voitures thermiques fonctionnant au e-fuel ou carburant synthétique après 2035. Le thermique serait donc sauvé ? Non. Pour être autorisé, il faudra que ce carburant soit neutre en carbone, or il ne l’est pas.

Le carburant synthétique n’émet pas de CO2, mais rejette des NOx (oxydes d’azote), des particules dangereuses pour l’homme. Mais surtout, sa fabrication est loin d’être neutre en carbone. Aujourd’hui, produire du carburant synthétique coûte horriblement cher et cela va continuer encore longtemps.

Pourra-t-on rouler au carburant de synthèse en 2035 ?  

Porsche est associé dans un consortium avec Siemens Energy, Exxon-Mobil, Enel, Highly Innovative Fuels (HIF), ENAP et Gasco afin de produire l’e-Fuel au Chili dans la région de Magallanes, au sud du Chili, une région très venteuse qui va utiliser de l’énergie éolienne à faible coût.

Premier problème, le carburant ainsi produit n’est pas neutre en CO2, comme l’exige l’Europe. Deuxième problème, le constructeur évalue le prix au litre à environ 10€. Porsche espère faire descendre ce prix à 2€ le litre, avant les taxes, plus du double d’un litre de Sans Plomb. Mais c’est surtout les capacités de production qui posent question.

Il n’y en aura pas pour tout le monde

Dernier problème et non des moindres, la production de ces nouveaux carburants ne pourra remplacer les besoins en pétrole. Les premiers litres de carburant synthétique ont été produits en février à partir d’une éolienne.

On espère avoir produit 100 000 litres à la fin de l’année, puis 55 millions de litres en 2026 et jusqu’à 550 millions de litres en 2030 quand l’usine aura été étendue avec 380 éoliennes.

Les habitants de cette planète consomment, chaque jour, six milliards de litres de pétrole, uniquement pour le secteur du transport routier. En 2030, cette usine géante produira donc en un an, l’équivalent de 9% de la production nécessaire actuellement… en un jour.